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Gute Nacht, gute Nacht ! Bis alles wacht,
schlaf aus deine Freude, schlaf aus dein Lied !
Der Vollmond steigt, der Nebel weicht,
und der Himmel da oben, wie ist er so weit !

[Bonne nuit ! Bonne nuit ! Avant que tout s'éveille,
dors pour oublier ta joie et ta douleur !
La lune pleine monte, le brouillard se dissipe,
et le ciel tout là-haut, comme il est vaste !]

Wilhelm Müller



DIE SCHÖNE MÜLLERIN





Extraits de La belle Meunière / Die Schöne Müllerin d'après Franz Schubert.


Au départ, une proposition de Harry Rosenow de travailler à partir d’un texte de Nathanael Hawthorne, L’Artiste du beau, avec d’autres artistes (Pascale Nandillon, Brigitte Asselineau, Magali Rousseau, Frédéric Tétart, Isabelle Duthoit).
Le livret de La Belle meunière, que l'on doit à Whilhelm Müller, m'étant immédiatement apparu comme tout proche du texte de Hawthorne – confrontation entre le matérialisme et l'idéalisme, trajectoire d'un amour impossible et tendant au désespoir ou à la renaissance... – j'ai proposé un travail musical à partir du cycle de Lieder de Schubert.

Que veut dire revenir à un cycle que l'on connaît déjà par cœur, maintes fois analysé, étudié, ausculté ? C'est une des questions que nous nous sommes posées avec la troupe de musiciens du projet. À partir de propositions plus ou moins précisées que je pouvais apporter, nous avons tenté de mêler, le plus spontanément possible, nos envies – en se souvenant de la joie collective qui pouvait être celle de Schubert et de ses amis lors de ces soirées musicales (schubertiades) pendant lesquelles s'inventaient de petites formes poético-musicales.

La duplicité, le caractère ambigu est une des marques magnifiques de Schubert – jamais nous ne saurons si La Belle meunière finit bien, ou non. Et c'est dans cette ambiguïté fondamentale que nous aimerions livrer cette extension, ces passages empreints de Schubert.
Car chez lui une joie rustaude, un enthousiasme digne des tavernes de Grinzing peut laisser place à la béance la plus amère – jamais on ne tient quelque chose. Schubert sait faire rayonner la tristesse et blêmir la joie.

Avec tous les moyens qui étaient les nôtres – modes de jeux instrumentaux, acquis de langages contemporains, extensions de pratique pour chacun des musiciens : tous chantant, parlant, jouant diverses jazzo-flûtes, harmonicas, en plus de leur instrument de prédilection – nous nous sommes mis à la recherche d'une extension de ces contrastes déjà accusés dans l'original. Et nous avons voulu tout essayer : superpositions issues des Europeras de John Cage (densité maximale) ou au contraire effacement jusqu'au fil le plus ténu (cordes à vide du violon maintenant presqu'en apesanteur Der Neugirige, marchant au-dessus du vide).
Orchestrations très travaillées, jouant des timbres, des alliages ; ou à l'inverse brutalité extravertie venant renforcer la fougue populaire que contient aussi Schubert – qui n'a rien oublié de son temps, rien rejeté de son époque – mais l'a fait sien.

Martin Moulin
septembre 2014


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La belle Meunière / Die Schöne Müllerin d'après Franz Schubert, mai 2015, (extrait).



DIE SCHÖNE MÜLLERIN

Explorations pour ensemble

Avec

Laure Balteaux violoncelle, violoncelle baroque
Samuel Boré piano, claviers
Stéphane Charlot saxophones
Anne Emmanuelle Davy voix
Jean-Christophe Garnier percussions
Eric Le Chartier trombone, saqueboute
Olivier Mingam violon
Guillaume Grimal clarinettes
Poline Renou voix

Direction et adaptation par Martin Moulin


Création :
les 1 et 2 mai 2015 aux Quinconces (Le Mans) dans le cadre du projet Le temps du papillon.

Reprises :
le 16 avril 2016 aux Moulins de Paillard à Poncé-sur-le-Loir (72).
les 18 et 19 avril 2016 à la Fonderie, Le Mans.