KINDERSZENEN

(des musiciens retombés en enfance…)

Photographie  : Robert Schum — DR

Réinventions pour ensemble (2018-2019)
(comédien, clarinette, saxophones, percussions, piano, violon, violoncelle, chef – tous parlant, chantant, jouant d’autres instruments, manipulant des objets, etc.)

Martin Moulin
d’après l’op.15 de Robert Schumann
Commande de l’Ensemble Offrandes

Programme:

1. De l’étrange [Vom fremden Ländern und Menschen]
2. Curiose Geschichte
3. Galop [Hasche-Mann]
3^bis. … clin d’œil à Frédéric Rzewski [Hasche-Mann]
4. De la pesanteur [Bittendes Kind]
5. Méchant, puis tendre [Glückes genug]
6. La Fête [Wichtige Begebenheit]
7. Träumerei (superposition avec ou sans radio K7 disséminés)
8. Joie de l’apesanteur [Am Camin]
9. Hue, dada, hue ! [Ritter vom Steckenpferd]
10. Fast zu Ernst
11. Jouer à se faire peur [Fürchtenmachen]
12. Kind im Einschlummern
12^bis. Kind im Einschlummern (fantôme)
13. Le poète bégaye


N.B. Les titres tiennent compte à leur manière du voyage effectué entre la version originale et la version réinventée : certains sont identiques (titre allemand) ou proche (traduction libre en français), d’autres beaucoup plus audacieux, voire sans lien direct avec le sens du titre d’origine, mais soulignant au contraire des aspects contenus uniquement dans la réinvention.


Les Kinderszenen, dans la suite du travail initié avec l’Ensemble Offrandes depuis 2010, constituent une réinvention pour un comédien, 6 musiciens 1 chef – tous parlant, chantant, jouant des instruments secondaires, manipulant des objets… Ces jeux pour ensemble, intégrant les techniques musicales nées depuis Schumann (atonalité, bruitisme, performance, etc.) voudraient renouer avec l’innocence, au cœur de l’op. 15 du compositeur allemand.
On pourra les donner seules (30’ environ) ou mieux encore enchâssées avec les pièces version originale, pour piano seul.

Kinderszenen illustre un travail mené depuis une dizaine d’années et regroupés sous le nom réinvention. Qu’est-ce qu’une réinvention ? Plus libre qu’un arrangement, adossée cependant à une œuvre de référence, la réinvention est une forme fantaisiste (parfois fantasque, souvent joyeuse) dont le compositeur Martin Moulin, au sein de l’Ensemble Offrandes, s’est fait une spécialité.

Dans le cas des Scènes d’Enfants, il s’agit de retrouver cette joie du jeu – musical, bien sûr, mais également avec des instruments jouets, des situations cocasses (lancer des balles de ping-pong dans la queue d’un piano, se préparer à une fête…), des manipulations d’objets peu habituels au concert (radio K7, verres à pied ou bouteille de champagne, etc.).

C’est à se demander si cette bande de musiciens (très sérieux par ailleurs) n’est pas retombée en enfance… Tout le paradoxe, et le plaisir, sont là : à partir d’un matériau drôle, de guingois, cheap, faire œuvre de la plus grande méticulosité de la plus grande exactitude d’interprétation. Et essayer d’atteindre à cette magnifique naïveté de l’enfance : la concentration intense sur le jeu, même le plus futile, le plus inutile (une autre définition, qui sait, de l’art ?).

Martin Moulin, février 2020